dimanche 7 juillet 2013

Poursuite.

Le ciel était dégagé, clair, pur, mais la chaleur pesante. Les murs des bâtiments alentour, sales, usés par le temps, usés par la pluie, usés par les gens, étaient d'une couleur reflétant leur âge, ils étaient d'un jaune pourri, d'un jaune constellé de traces noires et lourdes à regarder, et lourdes de vécu, et lourdes de passé.

Dans la rue, pareillement délavée, cassée, frottée par les années, j'entendais des pas, qui résonnaient, tintaient gravement sur le bitume.

La ville était plongée dans une léthargie somnolente, un oubli passager du temps ; tout semblait oublié par les secondes.

Les pas se rapprochaient rapidement mais doucement, si bien qu'on eût dit que les passants, pourtant seuls, voulaient ne pas être repérés. Puis ils me virent. Ils n'étaient plus seuls. Ils m'avaient trouvé.

Ils m'avaient trouvé.
Il me regardaient avec de la haine, cette haine profonde qui rivalisait de laideur avec les murs des bâtiments.
Et, soudain, paniqué, mes pas aussi se mirent à résonner sur le sol dur. La chaleur était physiquement et mentalement poisseuse, mais j'avançai.

Ils m'en voulaient.
La première fois, ils n'étaient que deux. Là, ils étaient trois. Ils ne m'avaient pas eu, et ils avaient donc augmenté leur effectif.
Là, j'eus peur de ne pas m'en sortir. Mais un petit espoir m'animait, m'allumait, me stimulait encore ; l'espoir qu'on a quand même lorsqu'on pense que tout est fini.

Je m'engouffrai subitement dans un bâtiment. Les murs étaient couverts de graffitis, usés eux aussi, et le couloir que j'empruntai était jonché de déchets puants. Mais je ne tint compte ni des dessins immondes sur les murs immondes, ni des odeurs immondes sur le sol immonde. J'avais peur, j'avançais.

Et j'arrivai au bout du couloir, et je débarquai dans la rue d'à côté. Ma traversée du couloir avait semblé durer des dizaines de minutes. Le soleil m'éblouit ; je me couvris les yeux, avant de me rappeler mes poursuivants anonymes et sans raison.
Je courus de plus belle, encore et encore, jusqu'à perdre haleine. Puis je bifurquai à droite.

Je croyais ne plus pouvoir courir, les poumons vides, la gorge sèche, le visage piqué par la poussière omniprésente qui salissait les rues,
quand,
enfin,
je la trouvai.
L'entrée.
L'entrée du parc. Un parc qui contrastait assez violemment avec les rues sèches, avec l'atmosphère tendue qui régnait dans la ville ; un parc luxuriant, moderne, calme, frais.
Ma porte de sortie.
Je fonçai tête baissée jusqu'à cette salvatrice issue, et enfin, j'atteins le parc. Et la grenade m'atteint...
mais elle m'atteint trop tard.
Encore une fois, j'aurai survécu.

1 commentaire:

  1. Le_chat_sur_les_toits7 juillet 2013 à 19:20

    ISSUE SALVATRICE, pas salvatrice issue, on dit plaine verdoyante, pas verdoyante plaine, c'est comme ça pour tous les longs adj. sauf exceptions.

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