Les sakura sont les cerisiers
japonais ornementaux ; leurs fleurs sont, dans la culture japonaise,
l’allégorie de la vie des samouraïs, courte mais belle.
C’est cette fleur que j’ai choisie
pour représenter la vie de façon générale, qui ne dure pas éternellement mais
se dresse fièrement dans un étalement de pétales purs mais fragiles.
Cette fleur est poétique, dans
toute sa splendeur et sa non-éternité ; c’est d’ailleurs la fleur en laquelle se réincarneraient
les sages et les soldats.
C’est une fleur preinte de
respectabilité.
C’est une fleur belle, tout
simplement. Mais « il n’y a pas de beauté sans un peu d’étrangéité »,
a dit Edgar Allan Poe. Comme cette fleur, la vie est étrange : elle
est emplie de splendeur mais a aussi son côté sombre. La vie est
belle à cause de sa fin subite et du néant qui suit.
Même
si la fleur est ici honorée puisque conservée dans un vase violet clair donc gai, elle s’éteindra.
Quoi que quelqu’un fasse de sa vie, il fera comme la fleur de sakura, même les sages et
les soldats ; oui même ceux-là qu’on voit fêter
je ne sais quoi à longueur de journée, même ceux-là qui se battent
inlassablement pour qu’on les voie ; même les plus grandes splendeurs de
ce monde ; rien n’échappe à l’érosion que le
temps s’amuse à reproduire avec brio.
Les jeux
sont faits, d’où l’échiquier sans pions qui enfermera la fleur ; échec et
mat, du Persan šāh māt, « le
roi est sans défense »… la reine aussi.
La fleur qu’on voyait et qu’on contemplait sombrera avec le reste dans
l’abîme de la mort puisque les jeux sont faits.
Mais
le couvercle n’est pas encore fermé !
Il
reste tant à vivre avant de s’éclipser.
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