J'étais posé, tranquillement, sur un toit bétonné, et je me posais des questions.
Existentielles, les questions. Il faisait nuit, d'ailleurs il fait toujours nuit ici, puisque je le décide.
Assis, donc, sur ce toit. Questions.
La fraîcheur de la nuit. La droiture de mon costume, enfin de ma veste de costard. Elle est belle, cette veste. Un peu argentée. Comme ma DS Lite. Je l'avais mise la première fois que je m'étais incrusté dans une soirée. La veste, pas la DS Lite. Vous auriez vu la tête des gens ! Pas du tout stupéfaits.
Bien simple : ils ne me voyaient pas. Je suis celui qui leur donne corps.
Moi, quand on ne sait pas ce que je fais, je peux être n'importe où. Soirée, rêve, café. Même à minuit, même à 2 × minuit. À danser, courir, siroter. Mais pas au hasard. Les dés sont pipés. Il ne faut pas violer les lois de la physique. Les points ne peuvent pas s'entremêler.
C'est quantique mais rationnel. Pas de 2,5. Ni de 42,74.
Je patrouillais, sur ce toit.
J'avais en tête des molécules à faire bouger, des synapses à activer. À réactiver plus exactement.
J'avais en main une matraque dorée.
Surveiller est un métier à part entière. À entières responsabilités.
Mais la responsabilité est agaçante, elle est plus fun quand on s'en débarrasse. Un coup d'instrument métallique sur sa sale caboche, et hop ! Disparue.
Jongler avec les conventions.
Dans cette nuit sans fin, il fait tout de même jour, mais à certains endroits. Endroits privilégiés ? Non pas. La nuit est bien plus apaisante. Le jour est agité mais monotone. La nuit est stagnante mais variée. Il faut savoir choisir. Élire le meilleur, et le meilleur pire.
Au pire on se trompe, et on rallume la lumière après.
Pour que quelqu'un se tape le luxe de ne pas créer, il faut que quelqu'un crée.
C'est la loi.
Alors je crée, pour la postérité.
Écrins, laissez-vous saisir !
Je saurai vous orner.
Créativement,
Le personnage lambda.