dimanche 29 septembre 2013

Je n'ai pas encore dit mon dernier vers.

Puis-je replonger ainsi dans un rêve âcre ?

Comment se souvient-il qu’il l’a oubliée ?

Elle revient parfois.

Elle danse, seule, au milieu de ses rêves. Et le parfum ; le parfum qu’elle laisse, il s’en souvient. Çà ! Quel parfum ! Et sa façon de marcher dans son songe.

Et quarante-deux et cent et mille autres détails qui lui reviennent, comme ça, sans contrat. Une main, tenue sans contrat aussi. Entre eux, pas de mots sur ça, ils le savent, ils savent qu’ils … quel est le verbe, déjà ? Il l’a oublié, aussi. Ça devait commencer par un « a ». Appartenir, peut-être. Peut-être savaient-ils qu’ils s’appartenaient. Mais c’était beaucoup plus que... ça.

Ils Étaient, ils Vibraient, mais silencieusement. Il s’appuyait sur un de ces horribles poteaux de bois peints en jaune, plein des étreintes de plein d'hommes et plein de femmes ; et donc il s’appuyait et il continuait la longue liste des étreintes que ce vieux confident avait vues et senties. Et elle s’appuyait sur lui. Mais pas de contrat ! Pas de mots ! « Nous ne nous parlerons pas », pensait-il, « nous vibrerons naturellement ». Oh, ils ne l’ont pas fait souvent. Pas assez souvent pour qu’on ait pu les voir. Ça n’a pas duré longtemps. « A »… c’est quoi ce verbe, déjà ?

Je crois qu’il l’a vraiment oublié. Mais comment a-t-il pu ? Il le savait. Tant pis, il s’en souviendra une autre fois, là il est si plongé dans ses souvenirs âcres qu’il en est incapable.

Il voit flou, il titube, il veut tomber, il veut disparaître, il en a marre, trois ans de vie détruits en trois semaines !

Amitié ? Amour ? Appartenance ? Quel est ce mot ?

Il en veut à la Terre, à la Galaxie, aux supernovæ qui explosent à des milliards de parsecs de là et qu’il ne voit même pas ; il s’en veut ; il lui en veut, à elle, elle qui s’écarta, elle qui lui asséna des mois de colère de ses phalanges dans la joue ; joue qui retentit encore, avec ce sifflement tenace, ça retentit depuis une semaine déjà. Une semaine ? Euh… il l’a oublié aussi.

Quand on oublie, on oublie tout, normalement. On peut choisir de tout oublier. Mais pas qu’on a oublié. Et se souvenir qu’on a oublié, ça peut rendre… euh… bizarre.

Que se passait-il ? Que se passe-t-il ? Que raconté-je ? Il ne comprend plus rien, il veut tomber et disparaître aux yeux du monde, le blizzard lui assène encore ce satané sifflement qui souffle sur ses songes silencieux.

« Puis-je oublier que mon présent est mieux qu’il y a un an, puis-je oublier ça quelques minutes, juste pour le plaisir de replonger dans mes affreuses interrogations passées ? Puis-je ?


Puis-je replonger ainsi dans un rêve âcre ? »

Qui est-il ?